MARATHON DE PARIS 2023
JE SUIS BQ
Ah, vous vous demandez peut-être ce que BQ peut bien vouloir dire ?
Nouveau régime Végan ? Vêtements en lin bio du Pérou ? Parfum sauce Barbecue ? Nope, Nope, Nope. J’ai appris dimanche ce que cela voulait dire et croyez-moi …
C’est une belle aventure.
#Introduction : mon expérience marathon avant 2023
J’ai couru mon « marathon découverte » en avril 2019. Marathon cobaye, je l’ai couru pour avoir un aperçu du type d’épreuve que ces 42.192 km représentent « en vrai », dans le seul but de le terminer. J’avais bien évidement géré mon volume de course en amont pour être préparée le jour J, mais je ne visais aucun temps. Évidemment, si j’écris cet article aujourd’hui, c’est bien parce que j’ai adoré cette première expérience et que c’est à la suite de cette course que j’ai commencé à manifester mes premiers symptômes de Marathonite aiguë.
Mon deuxième marathon a été couru dans l’optique de juste le finir également. Je sortais d’un arrêt maladie de trois semaines, j’avais donc le choix entre ne pas le courir ou le courir tout doux. J’ai voté pour la deuxième option.
#Flashback to janvier 2023
Je n’ai pas terminé 2022 en beauté : rhumes à succession, grippes intestinales à répétition, pour finir en apothéose avec une grippe de l’espace et une déchirure intercostale comme cadeau de Noël ! Je commence donc l’année en courant comme une estropiée, incapable de respirer pleinement et contrôlant chaque pas pour que mes côtes ne me fassent pas trop mal. J’avoue qu’à l’aube d’une préparation marathon, cela mine le moral. D’autres facteurs personnels font que le mental n’est pas au beau fixe DU TOUT. Décembre et début janvier ont été bien noirs alors je fais de cette préparation un tremplin pour penser à autre chose et me concentrer sur ce projet qui me tiens à cœur. Avant que le vrai plan commence, j’essaie de maintenir un volume important pour avoir une bonne base. Je pars souvent du travail en courant. C’est un peu de logistique, mais cela permet de caler quelques séances en plus. Cet accoutrement d’after-work m’attire souvent quelques remarques mais, je suis toujours fière de pouvoir enfiler ce CamelBak d’anniversaire ! A défaut de trails pour le moment, il me sert à ramener lunettes, bouquins et bijoux !
PRÉPARATION ?! Oui, j’ai toujours été assez anti-plan. MAIS, pour la première fois, je souhaite suivre une vraie préparation pour le marathon de Paris. L’édition 2023 sera ma troisième participation à cette épreuve et … Je compte faire quelque chose de beau. J’aimerais atteindre le temps de qualification pour le marathon de Boston. Pourquoi Boston me direz-vous ? Parce que : c’est l’un des SIX MAJORS, une ville que j’ai adorée, le tout premier marathon officiel et un marathon mythique en ce qu’il a permis aux femmes de courir, elles aussi, cette belle distance en officiel. Je prends contact avec Arnaud. Nous avions déjà commencé ensemble un plan pour le marathon de Prague mais, celui-ci avait été avorté à cause du Coco et de son lot d’annulations. Je lui demande s’il accepterait de me concocter un plan pour un marathon en 3h20 (le temps qualificatif pour Boston est « moins de 3h30 mais, je me dis que quitte à s’entraîner, autant voir large avec 3h20. Ainsi, si les 3h20 ne passent pas, je pourrai peut-être réussir en 3h25 et passer la barrière temporelle malgré tout !). Toujours avec ses bons conseils, littératures scientifiques et précisons, Arnaud me propose un plan que j’attaque dès le 10 janvier 2023.
#La prépa marathon
Cette préparation marathon se découpe en 12 semaines. À chaque jour de la semaine, sa propre séance. Seules l’intensité et la durée évoluent au fil des jours. Avec le temps, le volume croît, les enchaînements d’allures variées deviennent plus longs. Voici l’aperçu de mes semaines :
LUNDI : Séance d’Home trainer pour augmenter ma résistance à l’effort avec du travail au seuil et des sprints en danseuse.
MARDI : Normalement, c’est repos. Mais le repos, j’ai du mal à m’y tenir ! J’ai besoin de me défouler, de me vider la tête. Je profite donc de cette journée en particulier pour caser du renforcement musculaire : je ne m’attendais pas à avoir un coup de cœur pour cette discipline ! Confession intime : j’ai pris du muscle, des cuisses, et j’ai les fessiers en béton armé !
MERCREDI : Footing en groupe. À défaut d’un groupe, je profite de cette séance pour courir avec ma Girafe ! N’ayant pas la même allure, mes séances n’étaient pas compatibles avec les siennes. Le mercredi est donc la petite séance cadeau de la semaine.
JEUDI : Séance spécifique avec enchaînement d’allures variées, principalement les allures semi-marathon et marathon : ma séance préférée de la semaine.
VENDREDI : Footing rapide (subjectivement of course) pour habituer le corps à faire un effort de plus en plus long au fil des semaines, à un rythme normalement confortable, c’est à dire plus rapide que du footing du dimanche, mais qui ne fait pas monter le cardio trop haut.
Du lundi au vendredi, les séances ont lieu le soir. Pour favoriser la récupération et éviter la fatigue inutile, j’ai mis de côté les séances matinales que j’affectionne tant. Et puis, pour avoir la pêche, je m’autorisais quelques bons goûters plaisir !
SAMEDI : Repos … En théorie ! Il faut bien profiter du week-end, alors quoi de mieux qu’un peu de natation, renfo, vélo ou petit footing ?! J’ai quand même dans l’ensemble réussi à m’imposer un jour de repos par semaine (mais ils ne sont jamais de tout repos car nous avons un toutou à défouler !)
DIMANCHE : Sortie longue. Elles deviennent de plus en plus longues au fil des semaines (26 km pour la plus longue de la préparation). Je dois m’habituer à composer avec mon ennemi juré N°1 : le vent. Ces sorties longues me permettent, chaque semaine, de cumuler un nombre incroyable de tours de lac et d’en devenir la Local Legend ! Blague à part, en fin de prépa, ce lac, je ne l’aime plus autant qu’au début ! Les sorties longues sont construites autour de blocs d’entraînement à allure semi-marathon en début de prépa, puis à allure marathon pour les quatre dernières semaines. Ces sorties font travailler le mental quand il s’agit de composer avec le vent ! Je me souviens d’un fameux dimanche, où face au vent, donnant tout ce que je pouvais, je n’avançais pas … J’ai pleuré. En y repensant, j’en rigole. Avec le recul on prend conscience que le vent c’est un entraînement difficile et bénéfique à part entière, mais sur le moment, on pense immédiatement à une séance ratée, éreintante et on voit son plan et ses espoirs échouer sur la veille plage du Lac d’Auron.
Ces douze semaines sont passées super vite et je l’ai ai toutes adorées.
C’est un plaisir d’avoir des séances planifiées. Je trouve cela challengeant, motivant, moins monotone. Le soir en sortant du travail, pas la peine de réfléchir à la séance que l’on va faire, à où aller, … tout est déjà tracé. J’ai pris chaque entraînement comme un jeu.
#Premier Jalon : le Semi-marathon de Paris
Dans le plan, Arnaud me conseille de faire un semi-marathon un mois avant l’échéance du 2 avril. Cela permettra de voir si l’objectif est cohérent et de réajuster le plan, s’il le faut. Immédiatement, je pense au semi-marathon de Paris, parce qu’il faut le dire, Paris c’est quand même vachement cool. Le problème est que les dossards sont tous vendus. Je publie sur des groupes de revente, sur les réseaux, parle de ma quête pour le saint dossard autour de moi. NADA. Je mets même à prix mes chaussettes Lidl et mes deux Amygdales en bon état … Toujours rien ! Un beau jour, surprise, je suis contactée sur Messenger, par Carole, une runneuse blessée qui me cède son dossard. Je fonce et me voici sur la ligne de départ du semi-marathon le 5 mars.
(En soi, ce semi est une vraie épopée : je me suis présentée sur cinq stands avant que l’organisation me donne enfin mon dossard, nous sommes rentrés à 22h la veille de la course, après avoir du casser la fenêtre de la voiture et avoir gelé dehors pendant 3 heures. Pizza Dominos sur le lit à 22h30. Oubli du café et du thé pour le petit déjeuner du jour de course ! Ananas sur la pizza : j’étais encore un peu en mode touriste au départ. J’avais bien prévu un sac poubelle pour m’emmitoufler dedans entre la fin de l’échauffement et le départ … Je n’avais juste pas réagi qu’un sac poubelle de 20L ne couvrirait pas entièrement une Justine d’1m69.5 ! J’avais donc un genre de châle en sac poubelle ! Quoi qu’il en soit, ce fut une super course ! J’avais les jambes et le mental. J’ai franchi la ligne d’arrivée avec 4 minutes d’avance sur le temps estimé ! Trop cool.
À l’issue de cette course Arnaud revient vers moi avec une modification, et pas des moindres : un réajustement du plan pour le mois de prépa restant. Nouvel objectif marathon : 3h15.
J’ai l’impression de viser la lune : pas rassurant pour l’astronaute « Cape-poubelle » que je suis !
# L’évolution du Flamant Touriste au cours de la prépa
J’adore courir dehors. Cependant, pour respecter les allures cibles, par question de sécurité (automobilistes qui n’aiment pas les coureurs, mais les piétons en général), malveillance de rue à l’égard des joggeuses et pour cause de météo toute pourrie, j’ai repris un abonnement à la salle de sport à l’entrée de l’hiver pour courir sur tapis. J’aime beaucoup le tapis pour faire des séances de fractionné mais, quand il s’agit de faire des footings de 12 à 18 kilomètres, je vous garantie que cela forge tout autant le mental qu’une sortie sous la pluie. Courir face à son reflet pendant plus d’une 1 heure … C’est bien long.
J’ai découvert le renfo et y suis restée fidèle des semaines 1 à 12, avec parfois trois séances par semaine ! J’adore ça. Girafe a plus d’une fois eu peur que je me mette au Crossfit (moi aussi à vrai dire !)
- Etes-vous assis ? J’ai développé une PASSION PISTE !!! Il y a encore un mois de cela, je pleurais presque de stress à l’idée d’aller sur LA PISTE ! Je la voyais comme un cercle entouré de projecteurs, avec, en son milieu et dans les gradins, tout plein de pros. Des gens qui me verraient courir, des filles qui me toiseraient, des regards que je n’ai jamais aimé affronter. J’avais promis à Arnaud que j’irai sur la Piste, alors, même si l’envie de partir était bien présente quand je suis arrivée in situs, je me suis fait violence. On ne revient pas sur une promesse. Je suis restée, j’ai couru, j’ai aimé, j’y suis retournée ! Dorénavant, je pense que j’irai au moins une fois par semaine !
- J’ai validé mon passage de Nike à Asics ! Je valide les Novablast et les Speedsky+ ! J’ai acheté les Nimbus édition limitée sur le salon du running … Oops (et je viens juste de voir le point commun entre Nimbus et Nimbus 2000 … je suis fan ! 🧹)
- J’ai troqué ma montre Coros Pace 2 contre une Polar !
- J’ai acheté un haut technique !
- J’ai testé le Cani cross. Mauvaise idée : ça donne des courbatures ! C’est super kiffant, mais il faut assumer l’après !
- J’ai pris du poids : 1.5 kg. Ça paraît sûrement bête à bien des égards, mais le poids est pour moi un sujet sensible. Cette prise de poids, bien que je sois consciente qu’il s’agissait aussi de masse musculaire, n’a pas toujours été facile à vivre (prendre du poids quand on bouge beaucoup et ne mange pas « mal », c’est assez frustrant). Cependant, je suis restée lucide, tant bien que mal, et était consciente que c’est ce poids en plus qui me permettait de courir plus vite, plus longtemps. En bref, c’est ce qui me permettait d’avoir plus d’énergie, des réserves où puiser ! Finalement, ce poids en « trop » a été perdu pendant l’affutage.
- La diète en sucre pendant l’affûtage ce n’est pas simple ! Ce n’est pas un mystère, je suis une grande gourmande. La grève de sucre m’a mis à plat pendant deux jours (c’est d’autant plus frustrant quand votre super collègue apporte des Muffins de la mort qui tue et que vous ne pouvez pas en prendre une miette !). J’ai adoré potasser sur les notions de diètes, affûtage, stockage, systèmes sympathique et parasympathique ! Le corps est vraiment passionnant !
- J’ai adoré cette prépa, pouvoir échanger avec d’autres passionnés, dévorer des articles scientifiques …. Bref, j’aimerais faire de la santé et du sport mon quotidien. Des projets germent, je vous le garantis. Depuis plusieurs semaines je pense reconversion afin de m’épanouir au quotidien en rejoignant un domaine qui serait en adéquations avec mes valeurs et passions.
- Je suis tout de même un peu restée la touriste que je suis, pas d’inquiétude ! Je n’ai pas du tout testé de ravitaillements (gels, barres) sur mes sorties. Enfin si, les gums Cliff, mais trop dures (par temps froid en tout cas) et trop sucrées à mon goût, je ne les ai finalement prises avec moi qu’une seule fois. J’ai couru en chaussettes Lidl et j’ai failli me casser la figure une fois sur le tapis de course.
# THE D DAY
Samedi, 13h. Nous arrivons Porte de Versailles et allons chercher mon dossard. Rien qu’en faisant la queue nous avons déjà probablement parcouru 42 km. Mais la queue est fluide et l’attente n’est pas si longue. Je prends mon dossard, change de SAS de départ (je partirai dans le SAS 3h15 et non plus dans le SAS 3h30). Nous passons par le stand Asics. Les Nimbus sont là. J’avais déjà repéré leurs belles courbes et couleurs sur Instagram … Le vendeur me propose de les essayer. Évidement c’est un traquenard. Bref, je repars avec 180 euros de moins en poche, mais avec des baskets chouettes.
C’est un labyrinthe et il se fait faim. Nous achetons sandwichs et tartelettes chez Paul pour manger sur le pouce (quelle drôle d’expression …. Imaginez la taille du pouce !).
Nous décidons ensuite d’aller nous balader un peu dans Paris avec Sofy.
Le vent se lève, mon stress aussi. Avant de partir pour l’hôtel, nous faisons une halte goûter à 13 au jardin (le 13 et le 9 sont partout dans ma vie !) Gâteau au citron et grog au gingembre s’il vous plaît …
Nous prenons ensuite tranquillement la route de l’hôtel. C’est un fait, nous sommes nuls en orientation et en repérage : nous nous garons dans le parking souterrain de l’hôtel sans voir que celui-ci situé juste SOUS l’hôtel. Nous descendons de voiture et faisons plusieurs allers-retours dans la rue indiquée par le GPS avant de trouver l’hôtel dix bonnes longues minutes plus tard. Tout cela sous la pluie et dans le vent.
La chambre est super spacieuse, confortable, il y fait rudement bon et le lit est douillet … Justine, come on ! Pas de temps pour s’assoupir, il te reste un dernier footing à faire avant la grande course.
J’enfile donc mes nouvelles Nimbus et pars courir 30 minutes, 3 LD et faire des gammes (ma Girafe sort Soso puis rentre au chaud jouer à Animal Crossing. Un courrier virtuel m’attend d’ailleurs dans ma boîte aux lettres m’a-t-on dit !).
20h. C’est l’heure de la Pasta Party !
Non bien évidement, la Pasta Party est une hérésie. J’hésite entre pizza et pâtes maison. Je choisis les pâtes qui seront sûrement plus digestes, tout en sachant que j’aurai demain mon habituelle pizza post-course ! Deux pizzas en moins de 24 heures ce ne serait quand même pas raisonnable, non ?! Je ne finis pas mon plat pour avoir une petite place pour le dessert. J’opte pour le Baba au rhum, qui finalement n’était pas rhumé. Triste vie. Le ventre trop rempli, nous retournons à l’hôtel. Je bloque sur l’application météo qui annonce beaucoup de vent. Arnaud m’en avertit aussi en me précisant qu’il sait que je déteste ça mais, qu’il faudra l’accueillir avec philosophie. J’essaie de lire un peu mais, ne parviens pas à me concentrer. Nous éteignons la lumière et je gigote toute la nuit en ayant bien trop peur de louper le réveil !
6h03 (c’est précis) : je me lève et me force à manger. Je n’ai pas faim après les repas gargantuesques d’hier mais, je dois me forcer à manger pour ne pas partir le ventre creux. Un gros bout de pain d’épices maison, un café, une orange et direction la douche. L’eau chaude fait du bien. Je ne suis pas hyper stressée pour le moment. Je me sèche, enfile short, chaussettes, baskets, manchons, t-shirt, puis, place au moment chignon-paillettes ! J’aime bien être un peu girly quand je cours, je trouve que ça pousse à donner le meilleur de soi-même ! Je glisse une gourde Holyfat du côté gauche de ma brassière, une bûchette de sucre du côté droit, ainsi qu’un bouchon de San Pellegrino (retenez bien ce détail !). Mon sac de vêtements post-course sur le dos, nous prenons la route pour les des Champs Élysées.
J’ai envie d’aller aux Pipirooms, heureusement il n’y a pas d’attente. Ma girafe m’accompagne. J’en suis bien soulagée car le stress est prêt à prendre le départ lui aussi. Il pleuviote et le vent est déchaîné. Un petit bisou, Soso et ma Girafe reprennent le chemin de l’hôtel et je pars déposer mon sac à dos à la consigne. Bon, nous y voilà : c’est l’heure de l’échauffement puis il n’y aura plus qu’à s’élancer.
Arnaud m’a dit ne pas s’échauffer beaucoup avant le départ, j’applique alors la même chose. Je trottine avenue Foch, fais un petit détour dans une rue parallèle aux Champs et me dirige au SAS de départ. L’entrée du SAS est bloquée. Nombre de coureurs sont massés devant les barrières que personne n’ouvre. Le speaker annonce les vagues de départ. L’ambiance monte, mon stress recul, mais nous, nous n’avançons pas. Vite, il y a une percée un peu plus haut. Je me faufile, ça y est, je suis face à l’Arche ! Plus que deux vagues pour les 3h15. Plus qu’une. Le speaker annonce le départ de la dernière vague. C’est notre tour.
Euh, mais que se passe-t-il ? Pourquoi ne bouge-t-on pas ? Ahhhhh ! En fait, il s’avère que l’avenue est séparée en son milieu par une barrière métallique. La vague partante n’est donc pas la mienne, mais celle se trouvant à gauche de la barrière !
Bye la vague 3h15, nous voici dans le premier SAS 3h30. Changement de tactique. Arnaud m’avait conseillé de suivre « ma flamme » jusqu’au 17 ème km afin de m’économiser, il me faut donc dès le départ gérer mon effort en autonomie.
Attention … C’est parti !!! Eh bien, c’est toujours aussi magique et stressant à la fois !
Premier km déjà effectué : allure de 4.25min/km . Oops, je suis trop rapide. Je ne dois normalement pas être plus rapide que 4.37 min/km jusqu’au 17 ème km. Spoiler : je ne réussis pas à ralentir. J’oscille entre 4.30 et 4.35 min/km.
Au détour d’un virage, je heurte le coude d’un coureur qui me propose que nous courrions ensemble car nous avons la même allure. Cependant, content d’être en avance sur le temps estimé, il ne veut pas ralentir. Je ne suis pas sereine avec cette idée. Arnaud m’a bien convaincue de l’importance de ne pas en faire trop, trop tôt. Il est normal que le premier semi paraisse facile. C’est pour après qu’il faut garder du jus. Donc, je mets en place une ruse : j’attends une table de ravitaillement, prends ma bouteille, mon carré de sucre et ralentis un poil afin qu’il prenne de la distance (je le doublerai au 32ème km et franchirai la ligne d’arrivée 3 minutes avant lui : la prudence a peut-être payé).
*** Anecdote de la bouteille d’eau *** Toutes les bouteilles distribuées sur le parcours n’ont pas de bouchon. Les avertis arrivent tous sur le départ de la course avec un bouchon en poche afin de pouvoir prendre une bouteille sur le premier stand et la garder pour la course : cela permet d’avoir de l’eau en continu sur le parcours et pas uniquement lors des ravitaillements. Le fait de garder la bouteille en mains permet aussi de réchauffer l’eau. Le HIC ?! Eh bien j’avais un bouchon de San Pellegrino qui n’est, je vous le donne dans le mille, pas compatible avec les bouteilles d’eau EVIAN ! Bon, le plan tombe l’eau ! Je n’aurai donc de l’eau que sur les ravitos.
Le premier semi se passe super bien, les jambes et le mental sont là, je vole. Les paillettes donnent des ailes ! Les spectateurs venus nous encourager sont géniaux et leurs cris motivent. Je me laisse porter par l’ambiance.
23 km. Tiens, mes jambes semblent m’indiquer un peu de fatigue. Ce n’est pas bien grave et c’est normal. Je continue à m’alimenter à chaque table de ravitaillement : 1 sucre et 4 à 5 gorgées d’eau tous les 6km environ. Je complète de temps un temps avec une lichée de Cacao-Sel de ma gourde Holyfat (ma Girafe a repéré cette marque la semaine avant le marathon. Elle élabore des recettes de purées à base d’oléagineux exclusivement afin de fournir de bonnes graisses pendant l’effort. Tout est 100% naturel.) Il est toujours risqué de tester un nouvel aliment sur une course de cette envergure mais, c’était un bon choix : le gout salé est fortement apprécié pour casser l’écœurement potentiel au sucre. Fan invétérée de beurre de cacahouètes, j’adore la texture et le risque de maux de ventre était minime, tant j’en mange au quotidien.
24 ème : La fatigue évolue assez vite finalement.
25 ème km : place de la Bastille. Jean-Pierre est là, venu m’encourager. Cela met du baume au cœur ! Allez Justine !
30 ème KM : ouille, je commence à vraiment fatiguer et à avoir les genoux raides. Je profite de certaines petites descentes pour faire des talons-fesses et me dégourdir un peu.
32 ème KM : bon sang, je n’en peux plus et il reste encore 10 km ! (Les 2 derniers seront en descente … Spoiler : c’est un pseudo mythe de l’arnaque).
35 ème : bon, il n’y a plus qu’à compter sur le mental pour aller au bout ! Je me mets dans ma bulle, pense à pourquoi je suis là, ce que je suis venue chercher, les sacrifices que j’ai fait pendant ces trois mois de prépa, les heures d’entraînement, les sorties longues face au vent que je ne veux pas avoir fait pour « rien » en abandonnant maintenant. Je pense comme souvent, à ces personnes pour qui courir est impossible. Je ne peux pas être faible alors je cours, et cours encore. La semaine dernière, j’ai déprimé tout un week-end à l’idée que le marathon serait peut-être annulé à cause des grèves, alors, HORS de question de baisser les bras. C’est dur, c’est très dur. Mais c’est mon combat et je veux en sortir fière !
Vous voyez ! 🙂
39 ème km : faim, fatigue, corps qui dit stoppe ? J’ai un peu mal au cœur.
40 ème km : Apparemment c’est de la descente … Moui, sauf que, la descente se fait sur des pavés, ce qui est épuisant quand les jambes sont toutes raides et que la coureuse qu’elles portent n’est plus hyper alerte. De plus, le couloir se rétrécit. Si j’arrive encore à maintenir un bon rythme, ce n’est pas le cas de tout le monde et beaucoup sont ceux à ralentir. Cela crée des bouchons. Accélérer est douloureux mais freiner aussi … À choisir, autant grappiller de précieuses secondes au chrono !
ELLE EST LÀ ! L’ARCHE PERDUE !!! Au 21 ème, j’avais un peu d’avance sur mon temps estimé. Encore un peu plus au 30 ème …
Je regarde ma montre : 3h12. Je peux sûrement viser le 3h13 ?! Après tout, le 13 est partout avec moi !
Allez, le tapis vert est sous mes pieds, Je donne TOUT ce qu’il me reste !
Le Bip final !
3h12min36
C’est fini.
Je me remets à marcher pour évacuer la zone et ne pas gêner les nouveaux Finishers.
Me remettre à marcher ? À boiter serait plus exact ! Impossible de marcher. J’observe le même phénomène pour tout ceux qui arrivent en même temps que moi. Pauvres corps meurtris !
Et puis, 5 minutes plus tard, je réagis.
3h12min36.
Je l’ai fait.
L’entraînement a payé.
J’ai battu le 3h20 … Le 3h15 que je pensais inatteignable. Le 3h13 fixé en cours de course …
Crise d’angoisse ou de joie, je ne sais pas, mais je me mets à suffoquer et les larmes viennent. L’une d’elle s’échappe sur ma joue, la coquine !
« Allez Juju, tu le mérites ce T-shirt » Juju ? Je ne connais personne. Qui cela peut-il bien être ? C’est un petit papi, un bénévole qui remets les tee-shirts finishers. Je m’approche de lui. Chamboulée, je ne sais pas si je vais : 1) Le prendre dans mes bras pour pleurer ou 2) Rire.
C’est le rire qui l’emporte. Parce que c’est beau. Oui, c’est dur, c’est super dur même mais, c’est magnifique. (J’ai choisi le rire, mais à l’instant où j’écris ces lignes ce sont les larmes qui viennent !)Quelle aventure. Quel dépassement de soi.
Ce n’est en rien facile. Je pense que bien trop de personnes désacralisent le marathon et l’effort qu’il représente. L’essor du trail rend presque cette distance « courte ». Mais, que l’on cherche à atteindre un temps particulier, ou non, il y aura toujours un moment au cours de ces 42 kilomètres, où le mental devra être fort. C’est dur, mais bon sang, que j’aime ça (tout comme la pizza et le chocolat !).
Cela ne m’arrive pas souvent (je suis victime, d’un syndrome de l’imposteur assez fort, et je n’ai aucune confiance en moi. Il faut que je travaille dessus. Ce n’est pas simple et ancré en moi. Je dois cependant le dire, pour une fois, je suis fière de moi !
#Remerciements
Merci à mon corps d’avoir accepté de faire une prépa sans blessures et de courir comme il l’a fait le jour J.
Merci à Arnaud pour son plan, ses conseils, sa confiance en moi, son soutien, …
Merci à ma Girafe : pour l’adaptation de notre quotidien, son soutien, et de m’avoir supportée pendant ces trois mois (les sorties venteuses, les bobos, la balance, Toussa toussa quoi !).
Merci à vous, pour vos encouragements au quotidien.
#Pour aller plus loin
Alors qu’est-ce qu’une BQ ?!! Je souhaitais atteindre le temps requis pour être qualifiable au marathon de Boston soit, moins de 3h30 (évidement, plus on se rapproche des 3h15 plus on a de chances d’avoir un dossard). C’est chose faite et puis ….
D’une pierre, deux coups : je suis également qualifiable pour New-York (le temps de qualification requis étant moins de 3h13). Incroyable ! C’est la fête dans ma tête.
Je pleure beaucoup au quotidien, mais d’un tempérament optimiste, je pars vite en rêveries.
Voici donc la liste des petites (Petites ? Que dis-je ? Grandes !) choses qui colorent mes pensées depuis ce 2 avril : je rêve de pouvoir faire les 6 Majors (marathons de Boston, New-York, Berlin, Chicago, Londres et Tokyo), je voudrais faire au moins 10 marathons de Paris, devenir Flamme et/ou lièvre, obtenir un dossard pour le marathon des JO, viser un sub 3h avant de changer de catégorie (il me reste cinq ans !).
Le tout accompagnée de tout mes autres rêves, de ma passion, de ma Girafe et de Sofy !
Bisousss !
Et vous savez quoi ? On Re-signe pour l’édition 2024, en duo cette fois !
[…] aventure a officiellement débuté le 2 avril 2023 !Après une super course : belle, mais éprouvante pour tout donner, je suis devenue BQ ! Pas de sauce barbecue au programme […]