đŠ© – Body Body Body, must be funny …
Youâre my buddy, Body ! Letâs move it !
Ah ce corps, il mâen a donnĂ© du fil Ă retordre ! Câest sans doute lâarticle le plus personnel, intime et difficile que jâai jamais Ă©crit. Pour ainsi dire, je nâai jamais abordĂ© ce sujet avec une autre personne que mon Dino, mais je pense quâil mĂ©rite que lâon sây consacre. Pour ĂȘtre honnĂȘte, cet article a initialement Ă©tĂ© Ă©crit il y a deux ans, mais est restĂ© au stade de brouillon par peur de m’ouvrir, d’aborder un sujet malheureusement tabou. Aujourd’hui je le reprends car en deux ans, j’ai Ă©voluĂ©, appris, rĂ©gressĂ©, eu du mal Ă me supporter. Je fais donc Ă©voluer mon brouillon, mon introspection, pour avancer avec lui et espĂ©rer aider ceux et surtout celles qui passent peut ĂȘtre par lĂ aussi.
« Tu fais du sport, tu peux te le permettre », « Tu peux te permettre de mettre des trucs moulants », « Ton corps s’est transformĂ© » Cela sâapparente Ă des compliments. Mais pourquoi ? Pour quel corps ? Le mien ? Ce mĂȘme corps qui mâa « fait de la peine », que jâai fait « souffrir » ? Celui pour qui j’ai de la peine d’avoir ce regard, trop souvent ? Je ne me suis jamais sentie mince, ni belle. PlutĂŽt lâinverse en fait : de grosses cuisses sont ce que je vois dans le miroir.
Certes je suis « contente » de voir que des quadris sont apparus (jâen suis moi aussi dotĂ©e !), mais elles ont 3 caractĂ©ristiques que j’ai du mal Ă accepter. 1) Des vergetures, qui de surcroit semblent sâilluminer au soleil, un peu comme les cheveux de Raiponce quand elle chante. 2) De la cellulite. Tenace la Connasse, mais je reste gourmande. 3) Trop grosses Ă mon goĂ»t.
3 dĂ©fauts et Ă©tonnamment, 3 Ă©tapes d’Ă©volution de mon rapport Ă moi-mĂȘme et au sport. En route … car la route est longue ! đ ïž
1) La traversée du désert.
Jâai connu une assez longue pĂ©riode oĂč jâai vraiment eu du mal Ă accepter « ce » corps. (Spoiler alerte : pĂ©riode toujours en cours par fluctuations …) Jâai pris un peu de poids Ă lâentrĂ©e au lycĂ©e. Rien de dramatique, mais peut-ĂȘtre que la double dose de pain au chocolat entre les deux TP de Physique-Chimie du vendredi nâĂ©taient pas ce quâil y avait de plus sain ?! Ahah ! Jâai toujours Ă©tĂ© assez timide. Je nâai jamais Ă©tĂ© la star du collĂšge ou du lycĂ©e, pas de fĂȘtes, de sorties en boĂźte, dâalcool, de petit copain, de confiance en moi. Euh ⊠Quâest-ce que jâai dit ? Pas de petit copain ? Et si tout cela Ă©tait dĂ» Ă mon physique ? A ma conviction du zĂ©ro maquillage ? « Au lycĂ©e et pas copain ? Mais câest grave Justine, Ă ton Ăąge ! » Lâentourage peut mettre la pression … et sans s’en rendre compte accentuer le malaise et le mal-ĂȘtre.
Jâai toujours voulu ĂȘtre juste « moi » : aller en cours, regarder des Disney, lire Harry Potter, faire des jeux de sociĂ©tĂ©, etc. Jâai aussi toujours eu peur de grandir.
De nature stressĂ©e, cela sâest accentuĂ© avec le niveau scolaire augmentant : le bac, quitter le cocon familial, aller dans une grande ville, avoir un appart. La peur de grandir, et surtout dâĂȘtre seule : toujours pas de copain. Câest lĂ que jâai commencĂ©, inconsciemment, Ă vouloir maigrir. BĂȘtement. Compter et choisir les aliments trĂšs pauvres en calories, ne pas me faire plaisir quand lâoccasion se prĂ©sentait. Me sentir mal quand cela arrivait : pas grave, je ne mangerai que de la salade ce soir. Jâai perdu du poids. Mais je me suis vite rendu compte que cela nâarrangeait pas mes problĂšmes : toujours trop grosse sur la balance, je me trouvais trop maigre dans mes jeans. Jâavais froid, amĂ©norrhĂ©es de presque deux ans. Je nâavais pas spĂ©cialement le moral car fixĂ© sur ces chiffre cristaux. JâĂ©tais en collocâ Ă lâĂ©poque. Ma meilleure amie a alertĂ© ma mĂšre. Je me suis sentie mal, terriblement mal. Ma mĂšre est tout pour moi et savoir quâelle allait sâinquiĂ©ter pour moi Ă©tait pire que tout. Elle a parlĂ© dâun rendez-vous chez le psy. Hors de question. Jâai compris par moi-mĂȘme quâil fallait que les choses changent. â
Jâai donc recommencĂ© Ă mieux manger. Jâai aussi commencĂ© Ă faire un peu de sport ⊠Pas pour la balance, mais pour me sentir bien : aquagym (pas pour les mamies hein !), natation le jeudi, tentatives de footing ⊠Autant de belles maniĂšres de se dĂ©tendre !
2) Des valises pour une vie gourmande et heureuse
Je suis partie comme jeune fille au pair dans le cadre de la licence de langues. Jâai profitĂ© de la vie đŽó §ó ąó „ó źó §ó ż et mangĂ© (il nây a pas Ă dire la nourriture anglaise est vraiment yummy, je vous le jure !), ri, rencontrĂ© des personnes formidables, participĂ© Ă ma premiĂšre course, dĂ©couvert la course sur tapis, commencĂ© Ă courir plus rĂ©guliĂšrement. Câest lĂ que le sport est entrĂ© dans ma vie. Je suis simultanĂ©ment devenue moins timide, jâai pris confiance en moi. Je me suis dĂ©tachĂ©e du regard des autres. Jâai mis du mascara pour la premiĂšre fois. Je me suis sentie bien, belle mĂȘme ! Oui, il faut bien le dire !
VOILA ! Câest le dĂ©but dâune histoire dâamour avec le sport et dâune Justine qui se sent bien (Jusqu’au chapitre 3) ! Le sport est une passion. Quelque chose qui mâanime et me fait me sentir vivante au quotidien. Ăa, c’est immuable.
Je le mĂȘle Ă mes autres passions comme le voyage et la lecture. Le sport câest beau. Et il mâa tant apportĂ© ! En me challengeant de temps en temps, je me rends compte que je suis capable de choses assez cool ! En rencontrant de belles personnes sur les Ă©vĂšnements je me dis que bienveillance existe encore. Je me vois progresser, Ă©voluer. Je me suis fait dâincroyable souvenirs : courir Ă Disney, traverser le Golden Gate Bridge, lâambiance magique des courses, lâexcitation, etc. Jâai assumĂ© ma fĂ©minitĂ© ! Hourra ! CA, ce n’Ă©tait pas gagnĂ© d’avance ! Jâai commencĂ© Ă me maquiller, Ă porter des talons, Ă mettre du vernis, Ă me coiffer les cheveux, Ă porter des robes et des jupes ! Je nâavais pas peur dâĂȘtre « juste une fille ». AprĂšs-tout, il est bon de se sentir un peu pimpĂ©e aprĂšs avoir passĂ© sa journĂ©e en baskets/short đ
Le sport et son lot de nouveaux rĂȘves : des marathons, Ironman70.30, Ultra, Gravelman ⊠Il permet dâen faire de choses ce corps en bonne santĂ© ! Jâai un Dino sportif Ă mes cĂŽtĂ©s, rencontrĂ© grĂące au sport. Pour comprendre et supporter mes heures d’entraĂźnement, mes lubies et mes objectifs il n’en fallait pas moins !
3) La vie n’est pas un long fleuve tranquille Â
Il peut sâen passer des choses dans une tĂȘte. Jâai lâair « normale ». Ă la pause cafĂ© quand un collĂšgue apporte des petits trucs sucrĂ©s, on me dit : « Toi, tu peux te permettre ». Est-ce leur vraie pensĂ©e? Est-ce de la politesse ? Est-ce la vision que je renvoie ? Parce que moi, je ne me vois toujours pas comme ça. Je vois mes cuisses trop grosses et musclĂ©es. Avec de la cellulite. Mes cuisses qui ne sont plus aussi fines quâavant, bien quâelles me complexent depuis plus de 15 ans ! Oui, câest une longue guerre. Mais comment avoir lâair « crĂ©dible »? Mes peines, mes combats, mes luttes intĂ©rieures semblent injustifiĂ©es et peuvent mĂȘme passer pour de fausse plaintes, dans lâunique but de recevoir des compliments. Elles ne le sont pas. MĂȘme si je souris, chez moi, des remarques telles que « tu peux te le permettre » me font au contraire me concentrer plus encore sur mon idĂ©e de « Ah non, certainement pas ! Ăa va encore sâaccumuler, et comme je suis gourmande et faible je nâarrive pas Ă refuser ».
« Ton corps sâest transformé ». Christian, tu te reconnaĂźtras sans doute en lisant l’article (Je sais que tu es un de nos prĂ©cieux lecteurs. Le message que tu m’as envoyĂ©, ne prends pas peur, m’a aidĂ© Ă avancer !) Sur le coup cela me mets un coup. Je ne vois que le cĂŽtĂ© nĂ©gatif de la chose. Mon corps sâest athlĂ©tisĂ©, me reformule-t-on. Ce qui est plutĂŽt positif quand on passe ses semaines Ă faire du sport et du renforcement musculaire. 10 heures de sport par semaine en moyenne ce nâest pas transparent. Mon poids a variĂ© d’1.5 kg depuis que jâai commencĂ© le sport de maniĂšre plus intensive, il y a presque quatre ans. En soi, mĂȘme si je sais que le poids sur la balance ne veut rien dire, que le muscle pĂšse plus lourd que la graisse, et que c’est la composition corporelle qu’il faut regarder et non les chiffres, ça fait mal quand mĂȘme. Jâai pris de la masse musculaire, ma masse graisseuse est dans lâĂ©chelle basse. J’ai mon poids de forme en ce sens que si je perds plus que ce kilo, je me sens trop faiblarde pour concilier course Ă pied, natation et vĂ©lo. Mais tout de mĂȘme. Jâai toujours voulu avoir des cuisses fines. Je les vois se muscler. Ce sont elles qui me permettent dâaccomplir les belles choses listĂ©es au-dessus.
Un nageur serait-il déçu et vexĂ© de voir ses Ă©paules se muscler ? Un cross-fitteur serait-il dĂ©sespĂ©rĂ© de voir ses quadris prendre du volume aprĂšs des Wods horribles ? Comme le dit lâexpression : ce serait vouloir le beurre, lâargent du beurre, et pas la cellulite ! BLAGUE !
Je ne peux pas vouloir faire tout cela sans accepter de voir mon corps changer. Cela serait synonyme de ne pas assez nourrir mon corps, de ne pas lui donner lâĂ©nergie nĂ©cessaire pour atteindre mes objectifs. Je suis retombĂ©e sur une photo de moi aprĂšs mon deuxiĂšme semi marathon. Cuisses fines.
Mais Ă lâĂ©poque je courrais « juste pour courir ». Je courais moitiĂ© moins avec environ 40km par semaine. Pas de renfo, pas du tout de vĂ©lo, plus de nage. Je mâĂ©tais mise au sport deux ans plus tĂŽt pour plusieurs raisons : bouger et me sentir bien aprĂšs des journĂ©es passĂ©es devant le double Ă©cran du travail ET …. pour me MUSCLER. Oui oui ⊠avoir un corps plus tonique et galbĂ©. Je ne suis que contradictions.
Je voulais rester mince. Je faisais du sport mais, je comptais aussi les calories. Au final ce nâĂ©tait pas trĂšs sain non plus : je faisais du sport pour maigrir. Ce qui nâest pas top quand on a un petit passif de « sevrage alimentaire ».
Et puis jâai Ă©voluĂ©, jâai voulu courir plus vite et plus loin. Courir mieux. Jâai dĂ©couvert que les objectifs me donnaient confiance en moi. Jâai dĂ©couvert le vĂ©lo et jâai repris la natation : je suis devenue triathlĂšte. Jâai vu que pour pousser sur les pĂ©dales et avoir la concentration nĂ©cessaire pour Ă©viter chutes et accidents et fallait se ravitailler. En course Ă pied : jâai appris quâon ne pouvait pas faire un marathon sans manger PENDANT lâeffort. Quâil faut du sucre, des protĂ©ines, et mĂȘme ⊠des fĂ©culents. Jâai donc mangĂ© plus complet pour courir, nager, rouler et suivre mes rĂȘves sportifs. Je me suis musclĂ©e. Ăa fait partie du pack. Je crois. Qui partirait en voyage sans valises ? Oui, les carrĂ©s de chocolat, les gourmandises le soir ne jouent peut ĂȘtre pas en ma faveur mais mon cerveau et mon corps mĂ©ritent peut-ĂȘtre ces rĂ©compenses ?
Je plaide en faveur du sport santĂ©, du sport pour Tous et de lâacceptation de soi. Je le prĂȘche autour de moi. Je ne juge jamais le physique des autres. Ne devrais-je pas commencer par moi ?
4) La beauté du futur
Aujourd’hui les rĂ©seaux sociaux me font peur. On y voit des filles super jolies, aux silhouettes harmonieuses. Sportives, gourmandes, elles scintillent, sont parfaites. Nous avons beau savoir que ces images sont souvent « filtrĂ©es », « retouchĂ©es » voir carrĂ©ment « fake » et gĂ©nĂ©rĂ©es par les intelligences artificielles, notre cerveau n’arrive pas Ă rester objectif. Il est plus facile de croire ce que l’on voit, ce qui est beau, que de chercher Ă justifier que cet idĂ©al n’est pas toujours atteignable, vrai. Le concours de Miss IA a eu lieu … Elles sont terriblement bien faites dans tous les sens du terme. Tant et si bien que l’on pourrait les prendre pour la rĂ©alitĂ©. Je suis attristĂ©e pour les ados et futures ados qui vont se fier Ă ses dictats de la « beauté » Ă©tablis par des algorithmes. Pour ces petites filles qui refuseront une part de gĂąteau, ces miams et sourires qui ne seront pas partagĂ©s au cours d’un repas parce qu’il n’aura pas Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ© par une sĂ©ance de HIIT.
J’ai vu Taylor Swift en mai. Le concert d’une VIE ! Le feu, VREUUUUment ! Certains mĂ©dias ont trouvĂ© qu’elle avait un petit ventre et qu’elle dissimulait sans doute une grossesse. Non : elle a juste ce qu’il faut et l’Ă©nergie nĂ©cessaire pour assurer des shows de 3h20 ! MĂȘme remarque pour Lady Gaga. Idem pour l’incroyable gymnaste Simones Biles, jugĂ©e pour ses « kilos » en trop. Je crois qu’elles ont juste dĂ©cidĂ©es d’ĂȘtre fortes et heureuses en mĂȘme temps ! Pas besoin de choisir.
Peut-ĂȘtre est-ce aussi dĂ» au fait quâelles ont trouvĂ© la personne qui les aide dans cette acceptation, dans le lĂącher-prise qui leur permet non pas de se laisser aller en dĂ©mesure, mais simplement de se foutre la paix avec les restrictions. Les restrictions pour plaire Ă lâAutre.
Mon bipĂšde est toujours lĂ pour moi. Il mâentend me critiquer, me plaindre. Il me vois ne pas avoir confiance en moi, pleurer. (Du coup je pleure sur mon clavier). Fais tout pour me dire que je suis belle. Mais je nâarrive pas Ă lâ « Ă©couter ». Jây travaille cela dit. Merci de ne pas ĂȘtre que lâHomme de lâombre â€ïž
Le chapitre 3 rĂ©sume mon hiver, aussi bien sur le calendrier que dans la tĂȘte, et mon printemps. Le temps pluvieux n’a pas aidĂ© Ă sortir du brouillard. Mais le soleil est de retour, je vais bientĂŽt courir mon troisiĂšme marathon de l’annĂ©e, le Saint GrĂąal : celui des JO et j’ai achetĂ© plein de petites jupes bien girly !
Donât be your anti-hero ! đ
Sâil y a bien une chose que jâaurais aimĂ© dire Ă la Justine qui fĂȘtait ses 3 ans, câest de lĂącher prise, de profiter. Que ça irait. Ă lâaube de mes 30 ans, je suis toujours en train dâapprendre. Mais câest peut-ĂȘtre normal aprĂšs-tout ? Ă chacun son rythme pas vrai ? Quand je vois cette Juju de 3 bougies, je ne veux pas lui imposer mes mĂ©chantes idĂ©es dâadultes, les idĂ©aux de beautĂ© et de paraĂźtre dâune sociĂ©tĂ© que je ne comprends plus. Je veux la rendre fiĂšre !
 « Croyez en vous. MĂȘme si vous nây croyez pas, faites comme si vous y croyiez et, Ă un moment donnĂ©, vous y croirez » Venus Williams
 « Vous devez vous attendre Ă certaines choses de vous-mĂȘme avant de pouvoir les faire » Michael Jordan.
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